Les grands aménagements de la seconde moitié du XXème siècle ont transformé le Vistre et ses principaux affluents en canaux rectilignes, surdimensionnés et souvent ceinturés de merlons, dont la forme n’est pas adaptée à leur fonctionnement naturel.
Lors de fortes précipitations, l’imperméabilisation des sols (liée à l’urbanisation et aux pratiques agricoles intensives) et le drainage des fossés conduisent l’eau très rapidement vers les rivières, générant des pics de crues brutaux et violents sur des parties aval du territoire.
Pour autant, les routes, voies ferrées et canaux cloisonnent la plaine. Lors des crues importantes, ces ouvrages ralentissent les écoulements mais aggravent localement les conséquences des inondations (submersion de voiries et de bas-quartiers).
Lors de ces évènements, la rivière retrouve sa dynamique et reprend ses anciens bras situés dans des points bas topographiques, causant alors des ruptures de digues. Le ressuyage est plus long car les merlons empêchent le retour des eaux vers le cours d’eau.
Le lessivage pluvial des voiries, les rejets d’eaux usées qui échappent aux traitements, les intrants agricoles, chargent les eaux de matières polluantes.
Or les rivières chenalisées et privées de leur milieu écologique (notamment de leur ripisylve), ne fonctionnent plus naturellement. En été particulièrement, l’absence d’ombrage et la pollution associées aux faibles niveaux d’eau provoquent d’importants phénomènes d’eutrophisation (prolifération des algues et manque d’oxygène) jusqu’à ne plus permettre la vie piscicole en période de fortes chaleurs.
Les berges sont trop abruptes et profondes pour permettre un lien entre la vie terrestre et la vie aquatique. De surcroit, le fauchage mécanique des berges après leur canalisation n’autorise pas la ripisylve à s’installer. La biodiversité a pratiquement disparu, la rivière est nue.
A la Belle Epoque, les familles se réunissaient le dimanche dans les prés bordant la rivière pour profiter de la fraîcheur et pique-niquer, se baigner, pêcher…
Depuis les grands aménagements, le Vistre est perçu comme pollué et dangereux : berges trop profondes, crues violentes, on ne s’en approche plus. Il n’est d’ailleurs plus accessible.
Dépouillées de leurs arbres, les rivières sont devenues invisibles et ont disparu de la mémoire collective.
En période de crue seulement, les habitants se rappellent la force de l’eau et se retrouvent sur les ponts pour appréhender le risque de débordement.