Résultat des fouilles menée sur le site revitalisée du Vistre entre Caissargues et Nîmes

Le projet de creusement d’un nouveau lit du Vistre en méandre par SM EPTB Vistre Vistrenque a permis l’ouverture d’une fenêtre de 5000 m² sur 9000 ans d’histoire en bordure de ce petit fleuve côtier.

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Excavation

Du Mésolithique…

Les plus anciens vestiges identifiés concernent le Mésolithique (deux foyers et une fosse), période charnière entre la fin du Paléolithique et le début du Néolithique. 

Il est daté entre 7500 et 7000 BC grâce aux datations C14 car aucun mobilier n’a été identifié pour cette période. Il est fort possible qu’un ancien lit du Vistre découvert dans les sondages profonds, coulait dès cette période et que les hommes se soient installés à proximité de ce dernier. 

Les données environnementales attestent de la présence d’espèces aquatiques et de la présence d’une chênaie à feuillage caduc non loin de l’emprise (étude malacologique et anthracologique), à l’image de ce qui est déjà connu dans la plaine nîmoise à cette époque. 

Malgré des états de conservation médiocres, des fragments de faune de grands ruminants ainsi que la présence de résidus de graisse animale sur des galets chauffés peuvent attester d’activités cynégétiques sur le site à cette époque. De même, la découverte de fragments de moules bivalves dans la fosse montre une économie de substance tournée vers la mer.

Un troisième foyer à pierres chauffées est daté du Néolithique moyen II, attestant d’une occupation du site entre 3900 et 3700 BC. En l’absence de mobilier dans les structures, il s’agit du seul fait archéologique attribué à cette période sur le site. En revanche, les données paléoenvironnementales témoignent d’un débit fluviatile plus lent du paléochenal, avec un colmatage progressif qui tend à s’accélérer durant le Néolithique final. Elles offrent une lecture de l’ouverture du milieu avec la formation d’herbacées humides, faiblement marécageuses et de formations ouvertes plus sèches.

Foyer Mésolithique découvert au Mas de Vignoles
Foyer Mésolithique découvert au Mas de Vignoles
La faune présente sur le site
La faune présente sur le site

… au bronze ancien 

Au début du bronze ancien, entre 2200 et 2000 BC, alors que le paléochenal est colmaté au niveau de l’emprise de fouille, se décalant probablement vers le sud, une dépression laissée par cet ancien lit du Vistre et l’identification de deux bourrelets de berges ont permis la conservation d’une importante zone détritique.

Sur 50 m² environ, plusieurs milliers d’artefacts du quotidien des hommes de cette période ont été reconnus, attestant de diverses activités artisanales (taille du silex, pastoralisme, traitement des peaux…). Le mobilier met un avant un Bronze ancien à faciès épicampaniforme. Cependant, des éléments du Campaniforme rhodano-provençal (plus récents) sont également présents. Tous les éléments se distribuent indifféremment dans le dôme de mobilier et la céramique affiche des taux de fragmentation conséquents, témoins d’un rejet massif, déjà partiellement fragmenté et mélangeant des céramiques de deux faciès campaniformes.

La présence de ces éléments est probablement à mettre en relation avec le site de Moulin-Villard qui évolue directement au sud-est de l’emprise des Courroies et dont le comblement supérieur de l’un de ces fossés se compose de vestiges de cette période. L’ouverture de l’environnement se maintien au Bronze ancien et l’hypothèse d’une économie essentiellement pastorale est émise à partir des différentes données archéologiques et environnementales.

2 000 silex - trace du Bronze ancien
2 000 silex - trace du Bronze ancien

Entre l’âge du Bronze et l’Antiquité tardive, un nouveau lit du Vistre apparaît au sud-est de l’emprise, emportant avec lui tous les vestiges antérieurs. Rattaché à ce paléochenal, un fossé traversant le site d’est en ouest a été découvert. Il alimente un coursier de moulin antique mise au jour à l’ouest de l’emprise et constitué de gros blocs monolithiques, certainement des éléments d’un bâtiment en réemploi.
Enfin, le site a fait l’objet d’une mise en culture à une période relativement récente (époque Moderne ? ou Contemporaine ?) avec la découverte directement sous la terre végétale de plusieurs alignements de fosses de plantation (verger ?).

Au terme de l’étude, la fouille du site des Courroies illustre à quel points les bordures du Vistre étaient attractives, malgré les contraintes fluviatiles. Elle révèle l’existence d’une chênaie au milieu du Mésolithique qui disparaît au profit d’une ouverture du milieu au Néolithique moyen pour une mise en pâturage des abords du fleuve côtier. Cette ouverture et l’assèchement de son environnement a perduré jusqu’à aujourd’hui.